Une méthode utilisant des poupées thérapeutiques, imaginée par un membre des professions médicales du CHU Hadassah, permet aux enfants victimes de sévices sexuels d’accepter plus facilement les examens cliniques qui pourront éventuellement fournir les moyens de poursuivre en justice les auteurs de ces graves méfaits.
Il arrive fréquemment que les enfants se refusent à ces examens invasifs qui leur rappellent des souvenirs d’évènements traumatisants. Cependant, pratiqués dans de bonnes conditions, ils permettent éventuellement de prélever des échantillons d’ADN à partir du sperme ou des cellules de la peau du coupable, pour le faire condamner par les tribunaux, mais aussi pour vérifier que l’enfant n’a pas été contaminé par une maladie à transmission sexuelle.
Le Dr Rachel Yaffa Zisk Rony, infirmière médico-légale au Centre Bat Ami de Hadassah pour les Victimes de sévices à caractère sexuel, explique l’origine de son programme à base de poupées thérapeutiques. Il y a environ dix-huit mois, elle devait s’occuper d’une petite fille de deux ans et demi qui avait été attaquée par le mari de sa nounou. « Elle refusait qu’on la touche, » se souvient le Dr Zisk Rony, « et il nous était évidemment impossible de faire un prélèvement, de sorte que la police n’avait aucune preuve contre le prévenu. Il me fallait absolument une solution et, après quelques recherches dans la littérature professionnelle, j’ai mis au point cette méthode avec les poupées. »
Quand une petite victime arrive au Centre Bat Ami, elle choisit une poupée et est invitée à lui donner un nom. L’infirmière ou l’assistante sociale choisit elle aussi une poupée et lui donne un nom. Puis elle pratique une série d’examens sur la poupée en demandant à l’enfant de décrire ce qu’elle fait. Peu à peu, la poupée devient une amie pour l’enfant. Ensuite l’infirmière suggère à l’enfant lui-même de faire ces examens sur la poupée.
Le processus est adapté très exactement au caractère de l’enfant et à son milieu familial. Par exemple, si la famille est juive orthodoxe, on ne choisira pas un nom moderne trop déroutant. Les thérapeutes se renseignent sur les noms des frères et soeurs de l’enfant et évitent de donner le même nom à la poupée. Suivant les réactions de l’enfant, le niveau de détresse ressenti et sa personnalité, on peut déterminer le moment — si ce moment arrive — où on peut lui demander la permission de l’examiner. Depuis l’adoption de cette méthode, le nombre d’enfants se refusant à tout examen a considérablement baissé.