Le Centre Hospitalo-Universitaire Hadassah a reçu dix millions de dollars destinés à la création de l’Institut Linda Joy Pollin de santé cardiovasculaire, dont la vocation est d’encourager les femmes à adopter un mode de vie sain pour garder un coeur en bonne santé.
Irène Pollin, psychothérapeute, fondatrice et présidente de l’association Sister to Sister, en est la généreuse donatrice. Depuis treize ans, cette association travaille à la prévention des cardiopathies chez les femmes. L’Institut est nommé en mémoire de la fille de la donatrice, née avec une anomalie cardiaque congénitale, qui a lutté avec courage pendant seize ans avant de succomber.
« Depuis la création de Sister to Sister à Washington », explique Mme Pollin, « je voulais lancer un programme de prévention des maladies cardiaques, visant les femmes particulièrement et ailleurs qu’aux Etats-Unis. Connaissant l’expérience déjà centenaire de Hadassah dans l’aide donnée aux femmes de tous les milieux pour mieux gérer leur santé, il m’a semblé que la meilleure façon d’étendre cette action aux femmes du monde entier, serait d’installer l’Institut Linda Joy Pollin au CHU Hadassah à Jérusalem. Les maladies de coeur ne connaissent pas les frontières et il en sera de même pour nous. »
Les informations recueillies en Israël sur les cardiopathies et les risques touchant les femmes seront versées dans une base de données internationale à la disposition des chercheurs.

Le Dr Donna Zfat-Zwas, Directrice de l’Institut, a déjà de nombreux projets en préparation. Deux grands principes sous-tendent son action : « Les maladies cardiovasculaires sont différentes chez les femmes » et « De nombreuses cardiopathies peuvent être évitées. »
Ce centre sera logé dans les locaux de l’Institut du Coeur du CHU Hadassah et sera constitué d’une consultation pour les personnes à risque, dispensant des conseils de santé visant particulièrement les femmes, associée à une unité de recherche. La consultation, explique le Dr Zfat-Zwas, sera organisée en « guichet unique ». Les effectifs comprendront une infirmière ayant suivi une formation spécialisée, une nutritionniste, une spécialiste d’éducation physique et une professionnelle de la santé mentale. Il s’agira d’une orientation centrée sur le comportement et une recherche d’adéquation de l’intervention envisagée au mode de vie d’un individu particulier. Une fois trouvées les réponses à ce questionnement, on peut faire en sorte que chaque patiente reparte avec un plan de
santé personnalisé. Le centre sera doté d’un site web multilingue, en hébreu bien sûr, mais également en anglais, russe et arabe.
En plus de la gestion de la consultation à Hadassah, le centre étendra son rayon d’action à d’autres communautés, tout particulièrement celles où les ressources médicales sont dispersées, telles que les populations arabes et haredim, à l’aide d’un « modèle écologique ». Ce modèle tient compte de facteurs sociaux et environnementaux et sera basé sur un partenariat avec les responsables, les organisations et les écoles locales. Des liens seront établis avec le Centre Hadassah Patricia et Russel Fleischman pour la santé des femmes, l’école Braun de Santé publique et de médecine communautaire de la Hadassah-Hebrew University et la Israel Heart Society. Par exemple, comme l’explique le Dr Zfat-Zwas, il est important de faire en sorte que les supermarchés locaux vendent des aliments appropriés, de trouver des locaux à proximité pour des exercices physiques et de prévoir des ateliers de formation pour les mères et les enseignants au sein du système scolaire.
« Si j’ai choisi la cardiologie comme spécialité, c’est parce que souvent nous arrivons à améliorer l’état de santé de personnes très atteintes, » fait remarquer le Dr Zfat-Zwas. Elle ajoute que, même en Israël où la médecine est très évoluée, « nous n’en faisons pas assez pour que les femmes — et même bon nombre de médecins — prennent suffisamment conscience des risques cardiaques. »
« Souvent, les femmes pensent que quand un nouveau problème se présente, par exemple de l’essoufflement, c’est parce qu’elles ont pris du poids, alors qu’en fait leur coeur est en cause. Elles mettent aussi plus longtemps à se décider de se rendre aux urgences lors d’une crise cardiaque, parce qu’elles ne veulent pas déranger inutilement, ont peur de compliquer la vie de leurs proches ou pensent qu’on ne les prendra pas au sérieux. » Le docteur ajoute un mot d’avertissement : « Il ne faut jamais hésiter à demander une consultation pour le coeur par peur de déranger. »
En conclusion, le Dr Zfat-Zwas déclare : « Nous sommes décidés à trouver des solutions et à mettre au point des programmes à la portée de femmes très occupées. »
L’Institut de santé cardiovasculaire Linda Joy Pollin s’inscrira dans la collaboration déjà existante entre Sister to Sister et Hadassah, dont le but est la sensibilisation des femmes dans le monde aux problèmes cardiaques et à la prévention. Hadassah sera le siège de programmes d’information locaux et collaborera avec Sister to Sister pour la diffusion de leur site par internet (Smart for the Heart) offrant gratuitement en ligne des conseils, des évaluations de risques et des recommandations pour un mode vie plus sain dont on peut espérer qu’il réduira le risque cardiaque.