
Depuis sa naissance, il y a plus d’un an, Abdul Nasser n’a pratiquement connu que les murs du Service de Soins Intensifs Pédiatriques (SSIP) de l’Hôpital Hadassah. C’est grâce à une initiative de Hadassah Australie et de ses généreux donateurs via le projet Rozana, que les frais hospitaliers, astronomiques, de traitement du petit Abdul Nasser, ont été considérablement réduits.
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Musab et Majd Alafandi, les parents d’Abdul Nasser, se sont rencontrés par l’intermédiaire d’un cousin et ont vécu un véritable coup de foudre. Ils décident de se marier et Majd tombe rapidement enceinte. Ils vivent alors à Abu Dis, un village près de Jérusalem, chez les parents de Musab, dans l’attente de mettre assez d’argent de côté et d’acheter leur propre maison.
Dès l’annonce de sa maternité, Madj va à Ramallah pour une échographie de contrôle. En observant la réaction du médecin, elle s’aperçoit rapidement que quelque chose ne va pas. Tout en s’excusant, il leur explique que leur bébé a une grave malformation du cœur et est condamné à mourir dès sa naissance. Madj est en état de choc, complètement perdue et ressent une angoisse extrême.
«Malgré ma profonde tristesse, j’ai essayé de contenir mon émotion pour protéger ma femme », explique Musab.
Ils vont alors consulter un autre médecin à l’Hôpital Al Mukassed Islamic Charitable Society de Jérusalem, qui confirme le diagnostic initial.
Toutefois, on indique aux parents qu’à l’Hôpital Hadassah leur bébé a une chance de survivre. Les médecins de Al Mukassed ont des liens très forts avec leurs confrères de Hadassah et conseillent aux parents d’y organiser la naissance du bébé afin qu’il puisse y recevoir les soins pré- et postnataux nécessaires.
« Nous n’étions jamais allés à Hadassah, mais nous en avions bien sûr déjà entendu parler. La simple évocation du nom ramenait la confiance en nous, » indique Musab. « Instantanément, nous retrouvions un espoir. La vie semblait moins triste ».
À Hadassah le bébé naît par césarienne pour empêcher toutes les complications d’une naissance naturelle. Ils appellent le bébé Abdul Nasser, comme son grand-père paternel. Son poids à la naissance est de 3,4 kg.
Mais il doit être immédiatement envoyé au service des bébés prématurés pour être gardé en observation jusqu’à son opération.
Malgré la naissance sans encombre, le chirurgien doit rappeler aux parents que des risques importants existent. « Son diagnostic était le suivant : le bébé a un seul ventricule (ce qui se traduit par une seule cavité qui pompe le sang, au lieu de deux) et un blocage cardiaque congénital (le système électrique du cœur étant endommagé). Il arrive souvent que des patients dans le même cas ne survivent pas à cette opération compliquée », explique le Dr Eldad Erez.
Heureusement Abdul Nasser survit à l’opération et est transféré au SSIP, où des intraveineuses et des ventilateurs sont fixés sur lui afin de l’observer en permanence. Nuit et jour, les médecins et infirmiers travaillent d’arrache-pied pour lui éviter une infection, et s’assurent qu’il reçoit assez d’oxygène et de nourriture.
« La mauvaise nouvelle était qu’en plus de son cœur fragile, ce bébé avait des poumons très endommagés », explique le Dr Philip Toltzis, chef du SSIP. « C’est une combinaison assez dangereuse ».
« Nous avons été prévenus à plusieurs reprises qu’il fallait nous attendre au pire, explique le père de l’enfant.Mais à chaque fois, notre petit garçon s’en est sorti, avec l’aide de l’équipe médicale. C’est un vrai battant tout comme les médecins et les infirmières ».
Pour la fête de Pourim, le staff médical a habillé le petit Abdul Nasser avec un costume d’abeille. Et lorsqu’il a fêté son premier anniversaire, tout le personnel du SSIP s’est réuni pour la célébration. « Il a reçu beaucoup de cadeaux de la part du staff», raconte Musab.
Et puis, après plusieurs mois de traitement, alors qu’il respirait à travers un ventilateur mécanique inséré dans sa trachée, un membre du staff s’aperçoit que le petit garçon malade se met à sourire. Il sort alors son téléphone pour photographier et immortaliser le moment puis le montre fièrement à toute l’équipe du SSIP.
« C’était vraiment un moment charnière », explique le Dr Toltzis. « Vous ne pouvez pas vous imaginer le bonheur et l’encouragement que ce sourire nous a apportés ».
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« Il n’y a absolument aucune différence entre la façon dont notre fils a été traité au SSIP et le traitement apporté aux enfants juifs, » indique Musab. « Il était même encore plus gâté, car le staff savait que nous étions loin de la maison et que ses grands-parents ne pouvaient pas se rendre souvent à son chevet. Plusieurs membres du personnel médical parlent arabe et certains sont mêmes parfaitement bilingues. Ainsi, nous n’avons jamais eu de problème de communication.»
Le Dr Toltis raconte : « Voir Abdul Nasser en vie, en meilleure santé et sourire, cela nous rend heureux, et nous pousse à continuer le travail que l’on fait au SSIP. C’est pour cela que nous sommes là, aux Soins Intensifs. L’origine d’Abdul Nasser nous est indifférente mais nous avons une satisfaction supplémentaire lorsque les problèmes politiques n’entravent pas notre succès. »
Et maintenant, Abdul Nasser se prépare à rentrer à la maison. Il aura besoin d’opérations supplémentaires, mais pas pour le moment.
« Nous n’avons pas assez de mots pour remercier l’Hôpital ainsi que Hadassah Australie pour leur soutien », conclut le père.