Retrouvez ci-dessous les dernières avancées de la Recherche, des Soins et de l'Enseignement au C.H.U Hadassah de Jérusalem, réparties par unités et par thèmes.

Vous pourrez également y découvrir les dernières actions de Hadassah France, ainsi que des nouvelles de nos branches.


Actualité du: 12 juin 2020

« Le coronavirus à bout portant » – Article publié dans le journal suisse « La Liberté »


PAR PIERRE-ANDRÉ SIEBER

Avec la pandémie de Covid-19, les images de nettoyeurs en tenue de protection, désinfectant à la main, se multiplient. Un travail la plupart du temps manuel, gourmand en temps, en personnel et en argent. Et si la fin du coronavirus dépendait des rayons ultraviolets (UV)? Chirurgien pédiatrique de l’Hôpital Hadassah de Jérusalem, le docteur Boris Orkin a eu l’idée d’utiliser une catégorie d’UV: les UV-C. De courte longueur d’onde, les UV-C libèrent plus d’énergie que leurs pairs A et B. Ils sont aussi les plus nocifs pour les êtres vivants.

«Les lampes UV sont utilisées pour la désinfection et la purification depuis des années dans les hôpitaux, les avions et autres», explique au téléphone Boris Orkin. «Cependant, ces lampes créent des molécules qui transforment l’oxygène en ozone gazeux, émettent des radiations et sont même cancérigènes. Leur utilisation est donc interdite en présence d’êtres humains.» Dans le cadre de ses recherches, le médecin a mis au point un modèle doté d’une longueur d’onde spécifique ne créant pas d’ozone et efficace pour la désinfection des bâtiments. Gérée par un algorithme, sa lampe n’émet pas de rayonnement nocif pour l’homme.

Lampe tueuse

Introduite avec succès à l’hôpital Mayanei Hayeshua, près de Tel-Aviv, où sont traités les cas de Covid-19 en Israël, cette lampe spéciale pourrait équiper d’autres bâtiments où il y a un fort passage comme les gares, les restaurants ou les fitness. Une réserve tout de même: les zones d’ombre que le rayonnement n’atteint pas laissent des trous dans la désinfection. «Les principaux hôpitaux d’Israël nous ont contactés pour les installer dans leurs chambres, se réjouit M. Orkin. Elles sont déjà vendues aux Etats-Unis et en Finlande. L’expérience que nous avons menée a montré que tous les germes exposés à notre lampe, même de très méchantes bactéries en comparaison desquelles le coronavirus est un débutant, ont été détruits!»

Un robot pour traquer le virus

En Suisse, les rayons UV sont expérimentés pour la désinfection à l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ). «Certains types d’UV éliminent effectivement les microbes et aussi le coronavirus, mais en règle générale, ces irradiations sont nocives pour les êtres vivants et doivent donc être utilisées dans des chambres vides», observe Hugo Sax, médecin au Département des maladies infectieuses et épidémiologie hospitalière de l’USZ. «Nous faisons actuellement dans notre hôpital des tests avec un robot émettant des UV, mais plutôt pour éradiquer les bactéries multirésistantes à la sortie du patient du bloc opératoire.» Fabriqué par la société danoise UVD Robots, le robot testé à l’USZ fonctionne comme la lampe israélienne aux UV-C. Les essais se sont terminés à la fin mai. Selon la société qui le fabrique, l’appareil a déjà convaincu la Chine: ces machines vont équiper 2000 hôpitaux de l’Empire du Milieu.

Brumiser pour tuer

La mécanique donne aussi un coup de main aux nettoyeurs. Des inventions automatisant la désinfection pointent le bout de leurs buses. Société fille du fabricant d’installations d’enneigement automatique Technoalpin, Emicontrols, à Bolzano (Italie), a mis au point un engin dérivé du canon à neige. Il vient de désinfecter un grand atelier de fabrication de machines de damage de 1200 m2 de l’entreprise Kässbohrer à Albertville (F). Une première. La société du Sud-Tyrol est connue en Suisse à Torricella-Taverne (TI), où un de ses engins de brumisation neutralise les odeurs. Mais pas encore le SARS-CoV-2.

5min

Le temps qu’il faut au «canon à neige» pour désinfecter une halle de 30m de long

«Une halle de 30 m de longueur sur autant de largeur peut être désinfectée en 5 minutes», assure Monika Zipperle, responsable marketing chez Emicontrols. «Résultat garanti? Notre entreprise est certifiée et toutes nos machines portent le label CE, qui engage le fabricant à garantir que son produit est conforme à la législation de l’Union européenne.» La société transalpine offre ce service de désinfection sur appel et vend aussi son engin au prix de 23’000 euros.

L’engin pulvérise un mélange d’eau et d’agent chimique à base d’ions d’argent réputés pour leurs propriétés désinfectantes. Cette brumisation forme un nuage tueur de virus. Se répartissant lentement dans l’air et sur les surfaces, il atteint les coins les plus reculés d’une pièce. La quantité de liquide utilisée est si faible qu’aucune flaque ne se forme. L’opération est sans danger, promet le fabricant, ni pour l’homme ni pour les machines, ordinateurs compris. Le problème reste la concentration qui doit être suffisante en tout point du local à désinfecter.

Contre le coronavirus, l’entreprise du Sud-Tyrol a également mis au point un tunnel de désinfection, le Disinfectunnel, vendu 11 600 euros. «Son fonctionnement rappelle celui du scanner corporel de l’aéroport: la personne entre habillée dans le tunnel et reste debout, les bras tendus», décrit Monika Zipperle. «Par des buses, le désinfectant à base d’ions d’argent est pulvérisé en un fin brouillard d’eau, qui se dépose sur la peau de la personne, ses vêtements, son sac et même son téléphone portable et ses clés. Le processus de désinfection dure 15 secondes.» Emicontrols offre ses services de désinfection et vend son matériel en Suisse, où elle dispose d’un revendeur, Im-Hof à Therwil (BL).

Tout doucement avec l’aspirateur…

Le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, mobilise une armée de spécialistes du nettoyage et de la désinfection. Exemple chez Swiss International Airlines où les procédures ont été renforcées à la mi-mars. Toutes les zones avec lesquelles une personne pourrait entrer en contact sont aujourd’hui nettoyées encore plus intensivement.

«Pour un Airbus A320, l’opération effectuée par une équipe spécialisée de l’entreprise ISS dure une vingtaine de minutes entre un atterrissage et un décollage, explique la compagnie aérienne. Le personnel de nettoyage-désinfection passe l’aspirateur et traite tous les points de contact: surfaces, accoudoirs, écrans, tablettes, interrupteurs, ceintures de sécurité avec des produits de nettoyage spéciaux.» En outre, une opération de nettoyage-désinfection supplémentaire et plus approfondie a lieu la nuit. Durée: entre 40 et 60 minutes. Même avec une flotte réduite de 37 appareils sur 91, la compagnie fait des efforts considérables pour tenir le coronavirus à distance, consacrant plusieurs milliers de francs pour chaque appareil.

Mêmes soucis pour les écoles. Un coup d’œil sur les dispositions du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) du canton de Vaud confirme la même rigueur afin de ne pas oublier un virus dans un coin de salle de classe: surfaces, tables et pupitres nettoyés ou désinfectés une fois par jour et au moins deux fois par jour lorsqu’il s’agit des poignées de porte, interrupteurs et robinets. L’aspirateur est même proscrit, en raison du risque de suspension de particules souillées dans l’air. Là aussi, il faut privilégier le travail à la main avec un nettoyage ou une désinfection humide.

Nettoyage ou désinfection?

Il ne faut pas confondre. Les savons et autres détergents s’attaquent au virus en dégradant légèrement son enveloppe faite de lipides (molécules grasses), mais vont surtout l’évacuer avec la solution eau-détergent formée. Tandis que les désinfectants, ou biocides, vont neutraliser le virus en brisant son enveloppe. Ces produits vont de la simple eau de Javel et de l’alcool à plus de 60° à l’eau oxygénée, au polluant ammonium quaternaire, voire au péroxyde d’azote qui ne peut être employé que dans des locaux vides.

«Il ne faut pas gicler le produit désinfectant directement sur la surface», avertit Carlos Ferreiro, patron de Nettoyage La Côte, société active dans le canton de Vaud. «Le produit doit toujours être vaporisé sur le chiffon. Avant de désinfecter, il faut dépoussiérer, sinon le virus peut être transporté par le nuage que vous provoquez par une action trop brusque. Il faut toujours procéder du haut vers le bas en se concentrant ensuite sur toutes les surfaces qui peuvent être touchées avec les mains: poignées de porte, boutons ou barrière.»

L’homme connaît son métier: il a travaillé dans le secteur nettoyage d’un hôpital psychogériatrique puis dans l’industrie pharmaceutique avant de se mettre à son compte. «Je me souviens du premier appel concernant un nettoyage à la suite du passage dans un cabinet médical d’une personne infectée, ajoute-t-il. J’avais un peu d’appréhension mais si on suit la procédure, il n’y a pas de problème. J’y étais allé moi-même avec surcombinaison, masque, gants et lunettes, car c’était tout de même du sérieux.»

Et le SARS-CoV-2, un virus dit enveloppé d’une barrière de lipides, c’est du solide. Selon le New England Journal of Medicine, il a été détecté en parfaite santé dans des gouttelettes d’eau en suspension dans l’air (aérosols) trois heures après y avoir été déposé, et même 72 heures sur des surfaces comme le plastique et l’acier inoxydable. Il aime moins le cuivre et le carton, mais il est vrai que ces matériaux sont moins courants dans les habitats.