Hadassah à la pointe de la coexistence pacifique entre les peuples
Yves Mamou, journaliste économique au journal Le Monde, vient de publier aujourd’hui aux Editions Léo Scheer un livre intitulé « Israël: les maladies des religieux – un regard décalé sur le conflit israélo-palestinien ». Son étude porte principalement sur les maladies génétiques qui affectent les Israéliens juifs et arabes, mais également les Palestiniens des Territoires, les Bédouins et les Druzes. Parmi les divers thèmes abordés, la consanguinité et les maladies autosomiques récessives et maladies rares, les interruptions volontaires de grossesse au sein des ces populations, la solidarité entre Juifs et Musulmans face à la maladie:
« La souffrance engendrée par la maladie modifie le regard que chacun porte sur l’autre. Des relations personnelles se nouent entre médecins et malades, entre juifs et musulmans. Et face à un ennemi commun, la maladie, des solidarités inattendues se font jour. »
Son enquête l’a conduit de l’hôpital al Makassed situé à Jérusalem Est, à l’association juive orthodoxe Dor Yeshorim, en passant par l’hôpital Hadassah Ein Kerem auquel il est très souvent fait référence dans son essai et qu’il présente comme un « espace pacifié où travaille une équipe médicale indifféremment juive, chrétienne ou musulmane, qui soigne indifféremment juifs, chrétiens ou musulmans. Il est arrivé dans l’histoire troublée de l’hôpital que les médecins soient simultanément en charge des victimes et de l’auteur d’un attentat. »
Lors des ses visites à Hadassah, Yves Mamou a rencontré des médecins de renommée mondiale dans divers domaines, parmi lesquels le Professeur Azaria Rein (Cardiologie Pédiatrique), le Dr. Annick Rothschild (Génétique), et le Professeur Ariel Revel (Gynécologie). Autant de spécialistes qui contribuent à faire d’Hadassah un centre de référence mondial pour la connaissance, la prévention et le traitement des maladies génétiques propres aux religieux, juifs ou musulmans. Parmi les autres projets phares de l’hôpital Hadassah, il présente dans son livre le travail exemplaire de l’association franco-israélienne « Un Cœur Pour La Paix », présidée par le Dr. Muriel Haïm, qui finance la chirurgie cardiaque de 50 enfants palestiniens par an – depuis sa création en 2005, la vie de 350 enfants de Cisjordanie et de Gaza a ainsi été sauvée durablement. Il s’est également intéressé à un autre centre stratégique de l’expérimentation menée par l’hôpital Hadassah dans le cadre du centre communautaire d’Abou Gosh, petit village musulman de 6500 habitants situé en territoire israélien, quelques kilomètres à l’ouest de Jérusalem. Cette expérience pilote a pour vocation de mobiliser les femmes, toutes volontaires, autour d’un certain nombre de projets liés à la santé. Le programme concerne les habitudes alimentaires, sportives, mais également les pratiques matrimoniales. Il vise à réduire aussi bien le nombre de diabétiques que celui des nourrissons touchés par des maladies autosomiques récessives. Pour changer la société, il faut changer la condition des femmes, mais cela ans faire l’apologie d’aucun féminisme: « On ne cherche pas à modifier les valeurs traditionnelles… on essaie d’en repousser les limites, nous tentons des changements de l’intérieur », ainsi s’exprime Tal Atzmon, coordinatrice du projet.
Tous ces projets qui ont retenu l’attention d’Yves Mamou s’inscrivent dans la ligne fixée par l’Organisation Médicale Hadassah et l’Organisation des Femmes Sionistes Américaines d’Hadassah. Rappelons que transcendant la politique, les religions et les frontières géographiques pour faire progresser la santé dans le monde, le CHU Hadassah a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix. On ne peut que se joindre à l’espoir exprimé par l’auteur de ce brillant et courageux ouvrage:
« A l’issue de ce livre, le lecteur sera porteur du soupçon que, derrière l’actualité monotone sur les colonies, les bombes et les attentats, il existe un dessous des cartes, un autre niveau de réalité, qui donne peut-être à espérer. »