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Actualité du: 7 novembre 2015

Découverte à Hadassah d’une mutation génétique inhibant le développement de l’appareil reproducteur féminin


Les Scientifiques du C.H.U Hadassah et de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont découvert l’existence d’une mutation génétique à l’origine de l’insuffisance de développement ovarien.

À ce jour, très peu de gènes ont été identifiés comme facteurs prépondérants dans la formation des ovaires et l’apparition de la fertilité ; de plus, notre connaissance des processus associés au développement de l’ovaire et de ses œufs (les ovocytes) était jusqu’ici relativement limitée.

Cette nouvelle découverte change la donne puisqu’elle pourrait permettre aux médecins de diagnostiquer les causes de la stérilité et de l’absence de puberté chez les femmes. Ce sont le Pr. David Zangen, Chef du département d’Endocrinologie Pédiatrique à l’hôpital Hadassah Mont-Scopus, le Dr. Offer Gerlitz (doctorant) du Département de Biologie Développementale et de Recherche sur le Cancer à l’Institut de Recherche Médicale Israël-Canada (IMRIC), et le Pr. Ephrat Levy-Lahad, Directeur de l’Institut de Médecine Génétique à l’hôpital Shaare Zedek de Jerusalem et Professeur de Médecine Génétique à l’Université Hébraïque, qui en sont à l’origine.

En effet, l’ovaire féminin ne fonctionne pas seulement comme l’organe reproductif contenant les cellules germinales (ovocytes) qui assurent la descendance : il joue également le rôle de gonade (glande reproductive hormonale) et régule de nombreux aspects de la physiologie féminine et de son développement.

À l’origine, les chercheurs ont identifié une dégénérescence (insuffisance) ovarienne chez les quatre cousines d’une famille dite consanguine (possédant un ancêtre commun), en dépit du fait que chacune possède deux chromosomes X, comme c’est normalement le cas chez la femme. L’absence d’hormones sexuelles observée chez ces jeunes femmes explique le blocage de leur processus de puberté. À la place, des hormones de substitution leur avaient été administrées, leur permettant d’atteindre une taille standard et de retrouver un cycle menstruel « forcé ».

Tandis qu’ils analysaient le génome de ces jeunes filles, à la recherche des régions génétiques aberrantes qu’elles auraient en commun, les scientifiques ont identifié une mutation au niveau du gène Nucleoporin 107 (NUP107), absente chez leurs proches en bonne santé et « fertiles ». Afin d’établir un modèle expérimental prouvant le lien entre cette mutation et l’absence de développement ovarien, un test sur des mouches drosophiles (« mouches à fruit ») a été réalisé et s’est avéré concluant.

En effet, de multiples femelles présentaient la dégénérescence ovarienne observée chez les jeunes filles. Les  mouches mutantes pondaient bien des œufs, mais de façon limitée et partielle, puisque la majorité de ces derniers étaient déformés, au point de ne pouvoir ni éclore ni assurer les mécanismes de la reproduction.

En découle une implication réelle du gène muté NUP107 sur l’insuffisance ovarienne, avec un « rôle pivot » comme l’affirme l’auteur du prestigieux Journal d’Investigation Clinique (Journal of Clinical Investigation) qui a publié en Couverture de son numéro de Novembre les résultats de ces recherches.

« Les défauts de nucléoporines », ajoute-t-il « peuvent aussi expliquer certaines conditions rares ou répandues telle que la carence ovarienne précoce » (lorsque les ovaires d’une femme s’arrêtent soudainement de produire des ovules « viables » et fécondables).

Ce sont les laboratoires des Professeurs Zangen et Levy-Hadad qui ont identifié la famille consanguine présentant une insuffisance ovarienne. Le laboratoire du Dr. Gerlitz, lui, a généré le modèle expérimental soumis au test sur les Drosophiles.

Cette étude collaborative a été soutenue par des bourses attribuées par le Programme de Coopération régionale pour le Moyen-Orient de l’Agence Internationale de Développement aux États-Unis, ainsi que par la Fondation pour la Science en Israël.