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Actualité du: 18 janvier 2018

Le blog de Shiri Breuer, clown médical à Hadassah. Chapitre V : Par Amour.


« J’ai rencontré Masha dans la salle d’attente de Chirurgie de l’Hôpital Hadassah Ein Kerem. C’est une petite fille de trois ans qui vit en Russie. Tous les trois mois, elle vient à Hadassah pour un examen oncologique sous anesthésie générale.

Ce jour-là, Masha, qui était assise dans l’aire de jeu avec sa mère, était très nerveuse et agitée. Elle a commencé à pleurer et à crier et je ne pouvais pas en comprendre un seul mot, dans la mesure où elle s’exprimait en russe. Puis Masha a jeté un dessin à la poubelle avec colère. Je l’ai alors extrait de la poubelle avant d’en découper un morceau en forme de cœur et de le placer sur la table à côté d’elle. Sa colère s’est alors immédiatement arrêtée. Masha m’a souri et a pris le cœur. L’infirmière nous a alors appelées et nous avons marché vers la salle d’opération. À mi-chemin, Masha a de nouveau crié, répétant en pleurs « je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas ».

La mère de Masha a essayé de la calmer avec des baisers et des paroles. Plusieurs infirmières sont alors sorties des chambres à cause du bruit. Certaines d’entre elles parlaient le russe et ont à leur tour essayé de rassurer Masha, en vain. Puis le silence se fit. La mère de Masha regardait sa fille, qui se tenait désormais à plusieurs mètres d’elle. Les infirmières, impuissantes, ne savaient pas quoi faire.

Je sentais que je devais agir, je voulais réconcilier Masha et sa mère. Je me suis dirigé vers Masha et me suis rendue compte qu’elle avait peur, alors je suis rentrée dans l’une des chambres du couloir. En tant que clown médical, j’avais un objectif différent des autres.

J’ai commencé à chercher quelque chose dans cette pièce, même si je ne savais pas exactement quoi. Du coin de l’œil, j’ai vu que Masha me regardait. J’avais dû l’intriguer, ou peut-être qu’elle aussi ressentait la même chose que moi : elle cherchait quelque chose qu’elle ne pouvait pas convertir en mots. Je me suis alors souvenu que dans la salle d’attente, elle avait aimé le petit cœur en papier que je lui avais donné. Puis je me suis aperçu que le reste du dessin et les ciseaux étaient toujours dans ma main. J’ai alors recommencé, découpant cette fois-ci des petits cœurs tout au long du couloir que je laissais tomber jusqu’au dernier, confié à sa mère devant la salle d’opération.

Masha a souri, s’est mise à ramasser les cœurs tout au long du couloir, se rapprochant inexorablement de sa maman et de la salle d’opération. Une fois arrivée à sa hauteur, je me demandais quelle allait être sa réaction. Elle a finalement pris la main de sa maman qui contenait le dernier cœur et, au lieu de s’en saisir, Masha lui a donné l’ensemble des petits cœurs collectés au fur et à mesure de ses petits pas. Mère et fille se sont alors prises dans les bras et j’ai réalisé à ce moment-là la puissance de l’amour : symbolique au travers des cœurs de papier comme véritable au regard de ce câlin entre une mère et sa fille. Quelques instants plus tard, Masha entrait en salle d’opération. »