« Les enfants d’aujourd’hui ont du mal à imaginer les maisons où les familles mangeaient à même le sol », raconte Ora Pikel-Zabari, commissaire du musée Isaac Kaplan dans la Vieille Ville de Jérusalem, où figure actuellement une exposition sur la clinique pour nourrissons Tipat Halav, construite par Hadassah au siècle dernier.
La photo en noir et blanc située à l’entrée du musée (voir ci-dessus) est issue de la collection Tipat Halav de Hadassah, qui illustre la vie dans ces dispensaires durant les années 1920. C’était notamment dans ces cliniques pour bébés que le lait pasteurisé était distribué, constituant une avancée indéniable pour la santé et la nutrition de la mère comme de l’enfant. Le musée, situé dans le quartier juif de la Vieille Ville, a également offert au public une exposition sur l’Ecole Infirmière « Henrietta Szold » de Hadassah, la première école d’études supérieures accessible aux jeunes femmes en Israël.
« Avant Tipat Halav, quatre enfants sur cinq mourraient sans avoir fêté leur premier anniversaire », explique Pikel Zabari. « Les causes de cette statistique effroyable étaient dues aux mauvaises conditions sanitaires, notamment à cause d’un unique bain hebdomadaire, de réserves d’eau polluées et d’une pénurie de médicaments ». L’arrivée, en 1913, des deux premières infirmières de Hadassah a entraîné une révolution, explique-t-elle. « Vivant dans une petite maison parmi les pauvres près de Mea Shearim, elles ont commencé à orienter les ressources vers des soins immédiats pour les mères et leurs nouveau-nés. L’accent était porté sur les femmes enceintes, réticentes à l’idée d’aller consulter leur médecin afin d’obtenir de l’aide et des conseils. Celles-ci craignaient en effet le mauvais œil, après avoir eu vent d’histoires sordides sur les médecins de la ville ».
Les infirmières de Hadassah sont parvenues à éteindre ces rumeurs infondées et ont permis à ces mères en devenir de surmonter leurs superstitions. Elles ont ainsi changé l’histoire démographique de la ville.
La première clinique Tipat Halav de Hadassah, littéralement la « goutte de lait » en hébreu, est née grâce à la générosité de Nathan Strauss, un célèbre homme d’affaires aux Etats-Unis, connu pour les grands magasins dont il était jadis propriétaire à New-York. Après avoir perdu sa femme et son frère dans le naufrage du Titanic, puis son fils, mort suite à l’absorption de lait contaminé, Nathan Strauss décida de soutenir financièrement Hadassah, afin d’améliorer l’alimentation des nourrissons et la santé de leurs mères.