Mes chers amis,
Je suis né à Hadassah, j’ai fait mes études à Hadassah, mes enfants et mes petits-enfants sont nés à Hadassah, ma famille est soignée à Hadassah, ma fille Irit est néphrologue et exerce à Hadassah. Depuis 38 ans, malgré quelques brèves interruptions, je suis chez moi à Hadassah, depuis ma première année comme étudiant en médecine jusqu’à aujourd’hui. En 1997, animé par l’esprit pionnier du Néguev, j’ai accepté la direction du centre hospitalier Soroka à Beer-Sheva. Depuis onze ans, j’ai le grand honneur d’être à la tête de Hadassah.
J’aurai donc passé presque toute ma vie d’adulte à Hadassah. J’ai aimé tout ce que j’y ai fait et les postes que j’y ai occupés. Au moment où mon mandat de Directeur général du Centre Hospitalo-Universitaire touche à sa fin, je voudrais partager avec vous ma vision personnelle du chemin parcouru.
Vous le savez, Hadassah est une sorte d’aimant. Quand on y a travaillé une fois, on y revient encore et encore. C’est en tout cas ce qui s’est passé pour moi quand, en 2001, on m’a proposé le poste de Directeur général. En rentrant chez moi, en revenant à Hadassah et à Jérusalem pour y occuper ces fonctions prestigieuses, j’ai vécu un moment d’une très grande intensité.
Ces années en tant que Directeur général du Centre Hospitalo-Universitaire Hadassah ont été les plus marquantes et satisfaisantes de toute ma vie professionnelle. Pendant un peu plus de dix ans, j’ai eu le grand privilège de tenir le gouvernail de la plus remarquable des institutions médicales d’Israël. J’ai aussi eu l’honneur de participer aux activités de la Hadassah Women’s Zionist Organization of America (HWZOA) et de conjuguer nos efforts pour que notre ambition de toujours soit réalisée : par l’excellence de notre médecine et de notre recherche médicale, renforcer l’importance de Jérusalem, de l’État d’Israël et du peuple juif.
Depuis un siècle, HWZOA est pionnière pour que la médecine israélienne aille de l’avant et que notre société trouve les remèdes à tous ses maux. De la création des services de santé publique et des cliniques périnatales Tipat Chalav, en passant par le soutien donné à la recherche fondamentale de haut niveau, HWZOA n’a jamais cessé de participer aux avancées les plus spectaculaires de la médecine moderne, de la technologie, de la recherche et de l’enseignement dans le domaine médical au Moyen-Orient.
Occuper les fonctions de Directeur général est certes un grand honneur, mais comporte aussi de lourdes responsabilités : envers le système de santé publique israélien, envers HWZOA, envers la ville de Jérusalem et envers les milliers de personnes travaillant pour nous. Ces responsabilités ont pesé de leur poids pendant les années où seules l’imagination et la volonté permettaient de faire face aux pires difficultés.
Nous avons affronté les soulèvements et les attaques terroristes. Nous avons surmonté des crises financières telles que le monde n’en avait jamais connues. Nous n’avons pas été découragés par une concurrence sévère au sein du système de santé israélien. Enfin c’est avec les honneurs que nous avons relevé le défi de financer des investissements particulièrement importants pour tenir notre place incontestée parmi les leaders de la médecine internationale.
À chaque fois, nous avons dû utiliser notre esprit inventif, et pendant ces onze années les occasions n’ont pas manqué de déployer nos talents. De sorte que notre renommée est aujourd’hui mondiale et que notre CHU Hadassah est un emblème de réussite et d’excellence, d’innovation et d’inspiration, de recherche et de médecine.
À l’aube de cette décennie, l’Intifada nous a apporté son cortège de violences et ses milliers de victimes. Mais elle a aussi été à l’origine de la grandissante admiration de la communauté internationale pour nos innovations en traumatologie, en orthopédie, en neurochirurgie et dans beaucoup d’autres domaines médicaux. Malgré la gravité de leur état, nous avons réussi à sauver la grande majorité des blessés, démontrant ainsi la qualité des soins que nous dispensons. Avec l’Intifada s’est posé également le problème éthique des soins à apporter indifféremment aux terroristes et à leurs victimes. Notre premier mouvement instinctif — et notre conduite en conséquence — nous a valu le respect du monde, l’attention soutenue des médias et une nomination pour un Prix Nobel de la Paix.
Tout en faisant face chaque jour au flux des victimes des attaques terroristes, nous avons créé, conçu et édifié une unité à la pointe du progrès pour le traitement des urgences. Le Centre Judy et Sidney Swartz pour la Médecine d’Urgence est l’un des plus modernes du monde. Grâce à sa mise en place, nos capacités de soins ne seront pas dépassées par les catastrophes ou les guerres et, de surcroît, nous sommes à même d’accueillir le flot grandissant de patients afin de traiter efficacement leurs problèmes de santé ordinaires ou exceptionnels.
Dans le même temps, le bien-être des enfants est toujours resté au premier plan de nos préoccupations. À Ein Kerem, nous avons agrandi de trois étages supplémentaires le Centre de la Mère et l’Enfant Charlotte R. Bloomberg. À Mt. Scopus, une nouvelle Unité néonatale de Soins Intensifs et un Centre pour les Enfants atteints de maladies chroniques ont été installés. La capacité d’accompagnement des enfants et de leur famille a été particulièrement soignée dans nos services pédiatriques. La recherche médicale et l’amélioration des traitements n’ont pas été oubliées.
Le CHU est en constante évolution. À l’intérieur des salles d’opération, la haute technologie s’unit à l’expertise des médecins pour soigner toujours mieux. En faisant pénétrer l’informatique et la robotique dans le bloc opératoire, nous avons permis à nos chirurgiens de réaliser des interventions assistées par ordinateur et rendu possible l’usage d’une chirurgie mini-invasive à la pointe du progrès. On a pu ainsi implanter des stimulateurs dans le cerveau pour traiter les troubles du mouvement ou adopter des instruments endovasculaires miniaturisés pour la prise en charge des accidents vasculaires et autres pathologies cérébrales.
Nous avons envoyé nos médecins occuper des postes d’enseignement et de recherche dans les institutions médicales et hospitalières les plus réputées du monde. Lors de leur retour à Hadassah, ces nouvelles connaissances et qualifications ont été mises à profit pour donner naissance à des pratiques, des équipements et des protocoles innovants. Ainsi, encore et toujours, Hadassah montre le chemin de l’excellence médicale en Israël.
Nous avons mis au point de nouvelles formes de traitements dans de nombreux domaines, par exemple les cancers, le diabète, la rhumatologie et la dermatologie. Nous avons fait progresser la prise en charge psychologique des traumatisés, adultes ou enfants. Nous avons été les premiers dans le monde à traiter la sclérose en plaques et la maladie de Charcot (que l’on appelle aussi sclérose latérale amyotrophique ou SLA) à l’aide des cellules souches. Les initiatives et inventions de Hadassah ont enthousiasmé la communauté médicale internationale. Ces réussites, et encore beaucoup d’autres, ont attiré nombre de malades à Jérusalem, venus du monde entier pour être soignés dans notre hôpital.
La qualité des soins n’est pas le seul élément qui entre en ligne de compte pour prendre la mesure d’une grande institution médicale : la pertinence de sa recherche joue également un rôle essentiel. Là encore, Hadassah est assurément à la hauteur de sa réputation.
Il y a près de dix ans, nous avons mis au point un protocole permettant de sauver des vies d’enfants nés sans système immunitaire grâce aux cellules génétiquement modifiées. Au cours des années, la communauté médicale internationale a suivi avec attention les remarquables travaux de Hadassah dans le domaine des cellules souches, adultes ou embryonnaires. À l’heure où j’écris ces lignes, à peine un an nous sépare des essais cliniques qui permettront de tester l’efficacité des cellules souches embryonnaires humaines dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, cause principale de cécité dans le monde occidental. Nos travaux sur le diagnostic génétique, c’est-à-dire la capacité d’identifier de nouveaux gènes, progressent à une vitesse vertigineuse et sont à la pointe de la recherche internationale.
Dans pratiquement tous les services, nos médecins recherchent de nouvelles méthodes pour traiter les plaies dont l’humanité souffre depuis toujours. Nos recherches semblent très prometteuses en ce qui concerne les mélanomes, le cancer du sein, les tumeurs du cerveau et d’autres formes de cancers, la maladie de Crohn, le diabète et les maladies auto-immunes. C’est le cas également pour la mucoviscidose, les maladies neurologiques pédiatriques ou celles s’attaquant aux adultes, telles la sclérose en plaques, ou les maladies de Charcot, d’Alzheimer, de Parkinson et de nombreuses moins connues du grand public.
Notre recherche a permis la mise au point de nouveaux instruments de chirurgie et de cathétérisation. De nouvelles techniques pour le traitement de la stérilité et pour le diagnostic préimplantatoire ont vu le jour dans nos laboratoires.
La recherche nous aide aussi dans le domaine de la médecine translationnelle : le processus qui permet de « traduire » la recherche fondamentale en thérapies concrètes pour les patients. Et c’est l’excellence de notre recherche qui a rendu possible le développement d’applications concrètes au travers d’Hadasit, notre société de transfert technologique. À l’heure actuelle, des centaines de brevets ont été déposées et des dizaines de sociétés créées en se basant sur les recherches du CHU.
Depuis toujours, nous attachons la plus grande importance à l’enseignement de la médecine. Au cours de toutes ces années, dans les cinq facultés que nous partageons avec la Hebrew University de Jérusalem, nous n’avons jamais cessé d’apporter notre concours à la formation des générations suivantes de médecins. Récemment, la faculté de Médecine de la Hebrew University a lancé un programme de formation médicale militaire qui sera d’une très grande utilité pour les Forces de défense d’Israël. L’École de Soins Infirmiers Henrietta Szold de Hadassah a créé un diplôme de maîtrise qui lui permet de déployer sa stature académique. Les écoles d’Ergothérapie, de Médecine Dentaire de la Hebrew University et son Ecole Braun Hadassah de Santé Publique et de Médecine Communautaire ont toutes été particulièrement distinguées dans les évaluations internationales.
Nous pensons que la médecine préventive est le meilleur moyen d’éviter les problèmes de santé. Nous avons donc mis à la disposition du public de très nombreux programmes s’adressant aux personnes qui ne peuvent venir jusqu’à nous. Ces projets dynamiques et proactifs sont variés et visent des populations diverses. À l’adresse des adolescents, nous avons lancé un programme pour la prévention des accidents automobiles ; pour les femmes, soucieux de leur statut social et de leur autonomie, nous avons créé des centres de soins. Nous insistons pour une alimentation plus saine et un mode de vie plus salubre. Pour que l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons restent purs, nous avons lancé Green Hadassah et bien d’autres projets destinés à préserver le monde dans lequel nous vivons.
Dans un pays dont les voisins ne sont pas toujours nos meilleurs amis, dont la population inclut plus d’une centaine de groupes ethniques différents, je suis fier des programmes de communication et de nos liens de coopération avec d’autres institutions médicales, en Israël et au-delà de nos frontières. Mais je suis encore plus fier de l’exemple que nous donnons en étant ce que nous sommes et en faisant ce que nous faisons.
Depuis onze ans, mes amis, nous avons travaillé ensemble pour que notre Centre Hospitalo-Universitaire prospère et poursuive son éblouissante trajectoire.
Dans ce même temps, nous n’avons cessé de regarder vers l’avenir, d’analyser ce que nous observions et d’agir pour que le CHU atteigne de nouveaux sommets. Nous avons recruté de jeunes médecins prometteurs et des médecins dont la réputation était bien assise pour qu’ils exercent leurs talents dans nos hôpitaux. Nous avons lancé de nouveaux programmes pour nos jeunes chercheurs et acheté les équipements médicaux les plus modernes pour que les soins que nous dispensons et la qualité de nos travaux scientifiques continuent d’être à la hauteur de leur réputation.
Et surtout, nous avons investi dans l’avenir. Ensemble, nous avons réussi à construire la Tour-Hôpital Sarah Wetsman Davidson. Inspirés par Judy et Sidney Swartz, responsables de la campagne pour réunir des fonds, travaillant la main dans la main, vous, moi, les dirigeants de la HWZOA et d’innombrables amis très chers, nous avons édifié un nouveau campus Ein Kerem.
Vous, mes amis — et tout particulièrement vous, les médecins, les infirmiers et infirmières, les chercheurs et tous ceux qui travaillent pour Hadassah — ainsi que les centaines de milliers de donateurs qui ont soutenu HWZOA et le CHU pendant un siècle, ont fait de Hadassah le complexe hospitalier exceptionnel que nous connaissons aujourd’hui et posé les jalons de lendemains encore plus brillants. Je tiens à remercier ici les trois collaboratrices qui m’ont aidé à composer et rédiger ces Histoires du Vendredi : Osnat Moskowitz, Sarabeth Lukin et Shoshanah Kahn. Leur créativité et leur efficacité m’ont été précieuses. Je leur suis reconnaissant comme je suis reconnaissant à chacun d’entre vous, pour votre dévouement sans limites, votre sollicitude et votre compassion et par-dessus tout, pour avoir servi Hadassah et l’État d’Israël avec tant d’amour.
En écrivant ceci, ma dernière Histoire du Vendredi, je me souviens des paroles du Pirke Avot : « Il ne t’incombe pas de finir ta tâche, mais tu n’es pas non plus libre de t’en désister » J’ai eu la chance et le grand honneur d’avoir eu la « tâche » de servir en tant que Directeur général du Centre Hospitalo-Universitaire Hadassah. Je n’aurais jamais pu m’en acquitter sans l’aide et l’accompagnement de Dina, mon épouse, et des membres de ma famille.
Au moment où je transmets le témoin au Professeur Ehud Kokia à la tête de cette grande Institution, je lui adresse mes souhaits les plus sincères de satisfaction personnelle et de réussite professionnelle. Cette étape de ma vie à Hadassah se termine bientôt, mais je sais que vous serez tous fidèles au poste pour l’aider à poursuivre le chemin où nous nous étions engagés ensemble et à concrétiser les rêves qui mèneront Hadassah vers de nouveaux succès.
Au terme de mon mandat, je suis animé d’un sentiment de grande fierté de ce que, ensemble, nous avons entrepris et réalisé au sein de cette organisation et de cet hôpital. Ma reconnaissance et mon affection s’adressent à chacun d’entre vous et je remercie le Créateur de l’Univers de m’avoir confié l’honneur d’occuper ces fonctions à un moment si décisif pour notre Centre Hospitalo-Universitaire, pour Jérusalem, notre capitale, et pour notre pays.
Shabbat Shalom,
Shlomo
Pr Shlomo Mor-Yosef
Directeur général